Je finis par renoncer à mon aire d’atterrissage repérée, par manque de vitesse horizontale. Je vise alors une seconde clairière sur ma gauche, perds de l’altitude en veillant sur les bouts d’ailes qui ne cessent de « flapper ». J’aligne le terrain : 50 m, 40 m, 20 m et flafff, une rafale asymétrique me prend par surprise et m’entraine sur la gauche faire connaissance avec les pins douglas d’Amérique.

Sain et sauf, j’ai eu de la chance. Je connaissais la sapinette alpine, la rocheuse n’est pas mauvais non plus ! Plus sérieusement, je suis juste passé à travers les quelques branches proches du sol et ma voile s’est gentiment enguirlandée, un peu en avance sur la saison !  Remis de mes émotions, je grimpe décrocher le paquet de nœuds et 1h plus tard, la voile est libérée, reste plus qu’à démêler le tout.

Je prendrais ça comme une leçon, un petit coup de coude dans les côtes qui maintient intègre mon humilité. Ca fait du bien de temps à autre.

Arrivé au parking, je rencontre deux jeunes randonneurs du Maine qui acceptent de me ramener avec eux à Pinedale. L’un d’entre eux ne s’est pas méfié du soleil en  altitude. Son visage, son cou et ses bras sont complètement brulés, pas très malin !  1h30 plus tard, un peu sous le choc du contraste, je m’offre un plat au restaurant chinois. Je prends alors conscience à quel point mon ventre est creux et comme l’altitude coupe la faim. La nourriture est grasse et copieuse et je m’en délecte. Mais ce dont je me rappelle surtout, c’est du message contenu dans le petit biscuit sucré traditionnellement offert en fin de repas: